La nuit. Les yeux qui piquent, le cerveau engourdi. La fatigue. Mais surtout, la lecture. Je saisis, c’est dire que je suis assis face à l’écran. C’est à cette même place que j’ai achevé L’Aveuglement. Il est là, à côté de moi, à ma gauche précisément. Je l’ai entamé hier au bureau dans le service désert et comme il ne me semblait pas décent de rester au-delà de l'heure égale, c’est-à-dire à cette heure où pratiquement tout le bâtiment est désert et que les gardiens commencent à faire leur ronde, j’ai dû le refermer, le glisser dans mon sac, refermer mon sac, aller chercher mes affaires au vestiaire et reprendre la route de la maison. Je n’en ai pas vu grand-chose. J’ai préparé le repas, nous avons mangé, le temps a passé vite et c’est en fin de soirée que j’ai pu m’asseoir dans le fauteuil noir de mon bureau, muni de mon livre que j’ai pu rouvrir. Une heure plus tard, j’étais au lit avec lui. Deux heures plus tard, j’en suis ressorti pour aller m’asseoir à mon second bureau où, avec une cigarette et à la seule lumière de la petite lampe verte, j’ai poursuivi ma lecture, le livre de coin afin que l’ampoule puisse éclairer les pages sans que j’aie à l’ouvrir excessivement. Malgré ma robe de chambre, je tremblais comme une feuille. Lorsque je suis retourné au lit, j’ai encore lu quelques pages avant de renoncer, avant de décider que je ne parviendrai pas à terminer les cinquante dernières sans que mon réveil soit perturbé quelques heures plus tard, il le serait déjà bien assez...