Hyacinthe n’est toujours pas rentrée. Pourtant, elle ne va jamais loin et m’avait promis de n’être pas longue. « Quelques minutes, seulement. » Mais où, Hyacinthe ? « Calme-toi. Apaise-toi. Quelques minutes, seulement. » Mais où, Hyacinthe ? « Quelques instants, seulement. Tu verras. Repose-toi. » Emmène-moi avec toi, Hyacinthe ! » « Quelques instants, seulement... »
Ils m’ont moqué, m’ont ignoré, m’ont rejeté, m’ont boudé, m’ont dédaigné, m’ont houspillé, m’ont écarté ; et maintenant, ils condescendent à me regarder, à m’accepter parmi eux, à me laisser évoluer parmi eux, à, de temps à autre, lever une main lente vers moi, comme pour me caresser, comme pour m’attirer à eux, comme pour me souffleter, comme pour me mesurer... J’attendais d’eux beaucoup plus que du mépris et du silence, que du dédain et de l’indifférence. Lorsque j’ai retrouvé ma carte à terre, je me suis imaginé que jamais plus je ne franchirais la porte, que jamais plus ils ne me laisseraient partir, que jamais plus je ne serais comme avant, et lorsque je suis sorti de la salle de bains, j’ai pensé qu’ils ne se contenteraient peut-être pas seulement de gestes et de paroles, mais passeraient aux actes, passeraient à des actes dont j’ai cru bon, à ce moment-là, de faire l’inventaire, comme pour me prémunir de toute surprise au moment de leur exécution...