Mais au lieu de gestes, de paroles et d’actes, il y a eu des attitudes, de morgue et de distance, de hauteur et de contemption (je sais, Hyacinthe, ça n’existe pas). Des attitudes qui m’ont dérouté, m’ont décontenancé, m’ont désarmé ; qui m’ont déstabilisé ; et à voir leurs gestes mesurés, leurs mises d’apparat fraîches et flambant neuves, leur regard mi-clos où flottait le doux sommeil de leur euphuisme et gongorisme conjugués, je n’ai pu retenir un frisson égal à celui que je m’étais donné pour tâche de réprimer dans le cas plus que probable d’une intervention musculaire de leur part.
Il n’en a rien été. Ils se tenaient là, disséminés dans la grande chambre du premier, qui adossés, appuyés ou accoudés, qui vautrés ou simplement assis, et s’il n’y avait eu ce geste aérien de leur main qui rythmait ma progression parmi eux et le court souffle des narines qui lui était à chaque fois comme une respiration, ils demeuraient parfaitement immobiles et silencieux.
Ce n’est que lorsque j’ai effectué l’itinéraire que la ligne chaotique de leur corps composait dans la pièce – et dont chacun d’eux était comme une étape – qu’un mouvement s’est amorcé, puis une animation, puis une nette agitation lorsque trois d’entre eux sont allés s’installer autour de la grande table ronde à l’opposé du lit d’Hyacinthe, tandis que les autres se disposaient en cercle autour de la même table, laissant juste ce qu’il fallait d’espace pour permettre l’accès à la quatrième chaise demeurée libre...