Restait à jeter les bases d’une action qui la ferait prospérer et fructifier. C’est ce à quoi elles se sont attelées les jours suivants durant d’interminables discussions que seuls entrecoupaient le sommeil – auquel elles se donnaient collectivement sur de pauvres couches de fortune jetées au fond de ce qui avait été une réserve dans l’arrière-cuisine – et la sustentation – effectuée généralement au débotté dans la cuisine proprement dite, autour d’un fourneau à l’activité purement fictive, les âmes fébriles et passionnées ne se contentent que de peu.
Ça n’a pas été chose facile, et il y a eu de nombreux différends, maintes dissensions ; mais elles sont du moins parvenues aujourd’hui à un consensus autour de ces deux points qui, sous la pression obstinée de Louise pour le premier et l’influence discrète et maligne de Diane pour le second, ont été jugés de la première importance : d’une part, l’élimination pure et simple de la petite Marie, dont l’existence vireuse avait été révélée à Louise par une vision céleste, et d’autre part, l’adjonction à la troupe d’un homme qui, quoi qu’elles puissent en dire, se révèle encore indispensable, ne serait-ce que pour certains détails d’ordre matériel et pratique dont elles n’ont pas encore tout à fait acquis la maîtrise...