Il contourne la table où Serge est déjà installé. À son air, on devine qu’il suspecte vaguement quelque chose d’inhabituel.

« J’ai faim ! j’ai faim ! j’ai faim !

– Serge ! »

Il s’approche de Fleur dans l’intention de l’embrasser. C’est à ce moment-là qu’il comprend. Il y a Serge, tout d’abord, qui réclame, alors qu’il ne le fait jamais, puis Fleur qui s’affaire avec nervosité au-dessus de la cuisinière, chose qu’il ne l’a jamais surprise à faire à l’heure des repas où tout est déjà prêt et où elle-même est postée en bout de table dans l’attente de son arrivée, prête à tirer la chaise qu’il va occuper.

Il l’embrasse, c’est-à-dire qu’il dépose un simple baiser dessous son oreille droite.

« Bonjour, mon chéri. »

L’un à côté de l’autre, ils donnent l’impression du père et de la fille – un grand père et une toute petite fille –, tant elle est petite et frêle, et lui haut et énorme...