« J’ai faim ! j’ai faim ! j’ai faim !
– Eh bien, Serge ! »
Cette fois, Serge consent à se taire et à se calmer ; mais il n’en démord pas moins : mine exagérément bougonne, poings sur la table – dont l’un expose la fourchette et l’autre le couteau –, il entend montrer jusqu’au bout sa désapprobation.
« Bonjour, chéri. »
Fleur lui rend machinalement le sourire qu’il ne lui a pourtant pas adressé. Elle va pour se justifier, s’expliquer, mais pense qu’il est peut-être plus urgent d’achever le repas et de servir. Aussi, dit-elle simplement :
« Je t’expliquerai. »
Cela semble satisfaire Aymar qui se rend à sa place en bout de table où, comme par magie, Fleur se trouve déjà, le dossier de la chaise agrippé à deux mains.
Il s’assoit. La chaise craque, comme à l’accoutumée, et tandis qu’il glisse le coin de sa serviette dans son col cravaté, s’entend la porte d’entrée, puis le bruit d’un pas précipité.
À l’image de son frère, Serge, le petit bonhomme qui surgit dans la pièce, est impeccablement habillé...