Celle-ci avait tenu deux ans, durant lesquels, faute de prise sur le mâle Grégoire, superbe d’indifférence et d’insensibilité, elle avait enseigné au jeune Didier les rudiments de la rancœur et de la cruauté, cette même cruauté qui un jour l’avait poussée à aller battre un chien au milieu de la chaussée et lui avait extirpé un dernier ricanement à la vue de la camionnette qui allait la percuter.
Était alors arrivée la troisième compagne de Grégoire, qui elle, avait occupé les lieux cinq ans durant et les seuls souvenirs qui en nous restent sont une cravache en nerfs tressés et une petite sœur à la mine chiffonnée qui encore fréquemment se met à miauler la nuit.
La quatrième n’avait fait que traverser l’appartement : trois jours, c’est-à-dire juste le temps nécessaire pour vider la réserve de Bordeaux de Grégoire et mettre le feu à la moitié de la cuisine.
On ne touche pas au vin de Grégoire – vin dont, par extraordinaire, il est fin connaisseur. C’est la raison pour laquelle il lui avait fracturé le nez, avant de la jeter sur le trottoir et de se mettre en quête, le soir même, de la cinquième et dernière, qui, éthérée et apathique, n’avait eu aucun mal à parcourir les trois années qui avaient suivi et, on ne sait comment ni pourquoi, avait un matin quitté l’appartement pour ne plus jamais y revenir...