Incrédule, elle considère l’ensemble, puis prend conscience de sa véritable nature, de son importance, du nombre considérable de ses balles qui en vérité ont largement dépassé le seuil du débarras à gauche et s’étendent en une coulée à l’intérieur du bureau de Claude qui lui fait face, le bureau et non Claude, Claude dont à présent elle aperçoit le bras.
Il est debout, vraisemblablement au centre de la pièce, et de sa place elle n’en aperçoit qu’un bras, le droit, légèrement levé et parfaitement immobile. À l’évidence, son corps ne bouge pas, comme le sien ne bouge plus, elle qui attend que de soi-même un sens quelconque se présente, un sens qui ne vient pas et que de soi-même elle ne découvre pas. Alors, en sentant de nouveau entre ses doigts le mot de Bernadette, elle retrouve sa colère primitive et propulse sa jambe en avant, pénètre dans la couche qui brutalement éclate et disperse ses éléments en tous sens, et la saccage, la piétine, la foule tout en s’approchant de l’ouverture du bureau d’où un hurlement subitement fuse.
Elle se fige, puis se tourne vers Claude, effectivement au centre de la pièce, lui-même figé en une inquiétante posture, genoux pliés, bras en avant et mains ouvertes, comme prêt à bondir et à saisir.
« Mais arrête ! Tu es complètement folle ! Qu’est-ce que tu fais ? tu es devenue folle ou quoi ?... »