Elle écoute ses cris, considère son visage crispé et rouge de fureur ; et n’en revient pas.
« Tu te rends compte de ce que tu fais ? Tu es inconsciente ou quoi ! Mais merde ! c’est mon boulot que tu fous en l’air ! mon boulot ! »
De saisissement, elle s’est calmée, a oublié sa colère, et c’est presqu’ahurie qu’elle le regarde tandis que lui – relâché, redressé – continue à crier :
« Bon Dieu, c’est à croire que tu le fais exprès de tout casser ! Je passe toute la journée à bosser comme un malade et toi tout ce que tu trouves à faire, c’est de venir tout piétiner, saccager, détruire ! Tu me détruis, Ella ! Regarde-moi ça ! c’est le boulot de toute une journée que tu as foutu en l’air !
– Quoi, ça, ton boulot ? » C’est ce qu’elle dit d’une voix éthérée, tandis qu’en elle sourd une nouvelle colère, plus aiguë, plus étincelante car réanimée par le mensonge.
« Toute la journée ? tu as travaillé toute la journée ?
– (la fureur tombée d’un cran) Évidemment, toute la journée ! Qu’est-ce que tu crois que je fais pendant que tu n’y es pas ?
– Toute la journée à balancer des boules de papier dans l’appartement ?...