Lui-même ne parvient pas à détacher le regard de la chose, encore que son expression soit plus pensive que hagarde. Il ne réitère pas sa question.
Au bout d’un moment, il avance les doigts, Raymond leur cède la dent qu’il contemple longuement avec, cette fois, presque de l’indifférence.
Pendant ce temps, Raymond s’accroupit, et de l’index éprouve les taches à terre qui sont parfaitement sèches et friables, et lorsqu’il se relève – et on le dirait fait d’ouate, tant il y a de lenteur dans ses gestes –, il dit, cette fois en une langue que Luc peut parfaitement comprendre :
« Mais qu’est-ce qui s’est passé ici ? »
Luc lui jette un coup d’œil et instinctivement hausse les épaules. Puis poursuit sa contemplation de la dent qu’il fait à présent tourner entre ses doigts.
« Je crois que nous n’avons plus rien à faire ici », dit-il enfin.
Il commence à faire sauter la dent dans sa main. Raymond opine du chef, tout en suivant son mouvement de va-et-vient dans l’air. Il ne dit plus rien ; il est comme hypnotisé. Puis d’un coup, le poing se referme ; et après un temps d’immobilité, s’ouvre pour jeter mollement l’objet sur le matelas...