Et, durant tout ce temps, il n’a pas levé une seule fois la tête, alors que de nombreuses rames étaient passées. Et, à la toute dernière seconde, comme s’il connaissait par avance le dernier mot que prononcerait Bienvenue, il a glissé un regard vers elle ; puis, comme elle se levait, il s’est levé, et comme elle avançait, il a avancé en se plaçant spontanément à sa droite : ni trop près, pour ne pas laisser croire qu’ils étaient ensemble, ni trop loin, de peur que l’on pense qu’ils étaient séparés. Et comme ils quittaient le quai pour gravir les premières marches en direction de la surface, elle s’est remise à parler, et lui à l’écouter ; et en l’écoutant, il l’a accompagnée jusqu’à l’air libre, toujours à ses côtés, la tête légèrement baissée et le regard suivant sur le sol une ligne déjà toute tracée, une ligne qui, après bien des boulevards et des avenues, bien des passages cloutés et des rues, et après des milliers de mots qui n’étaient jamais les mêmes et ne semblaient pas avoir de fin, l’a emmené jusque dans la rue V., puis jusque devant la porte du numéro 34, puis dans la seconde pièce du rez-de-chaussée où enfin il s’est assis sur le lit.

Quentin s’est assis sur le lit, et comme si devant lui il y avait un quai au lieu d’une femme sans âge dont il savait tout de la vie, des vertus et des intentions, il a posé les coudes sur ses cuisses, a entrecroisé les doigts et a courbé le dos pour que son front aille jusqu’à ses mains sans pourtant les toucher...