Il restait là, attendait, toute l’après-midi, sans comprendre qu’il gênait, qu’il embarrassait, aussi bien moi-même que mes parents qui se demandaient pourquoi il était là, pourquoi il était venu, à quelle heure il allait enfin se décider à se lever et à prendre congé, mes parents qui, de la même façon, en sont venus à craindre, à appréhender son arrivée. Et je me souviens de ces fois où je n’étais pas là, pas rentré – ou avais réussi à m’éclipser avant sa probable arrivée –, et où il venait, et trouvant la maison sans moi, m’attendait, restait là jusqu’à ce que je sois de retour, sans rien dire, parfois des heures, au grand étonnement de ma mère qui ne comprenait pas pourquoi il restait là, sans rien dire, à m’attendre, assis dans le canapé du salon en ne tenant aucun compte de ce que pouvait penser ma mère, de ce qu’elle pouvait avoir à faire, et il est arrivé plus d’une fois qu’elle devait sortir, lui ne bougeant pas pour autant, ou qu’elle recevait une amie, et il ne bougeait pas, restait là à m’attendre, sans rien dire, entre sa tante et une autre femme qu’il ne connaissait pas, ces deux femmes avec qui il n’avait rien à faire, mais avec lesquelles malgré tout il restait, et qui, bon gré mal gré, devaient supporter son inexplicable et silencieuse présence...