Inutile de préciser que Narcisse n’a pas volé son prénom ; à se demander même, tant il lui colle à la peau, quelle espèce de prescience a dû habiter ses géniteurs pour qu’ils en soient venus à lui choisir ce prénom plutôt que n’importe quel autre.
C’est souvent ce que je me dis lorsque je le regarde, encore qu’il m’arrive aussi de penser que ce serait peut-être le phénomène inverse qui se serait produit ; c’est-à-dire le prénom agissant directement sur son comportement qui dès lors n’aurait eu d’autre choix que de le servir, et de se calquer entièrement sur lui...
Quoi qu’il en soit, Narcisse est bien l’odieux personnage que l’on peut imaginer, et lorsqu’il a raflé le dernier pli – en l’ajoutant au tas imposant des autres qui lui faisaient remporter un petit chelem –, je n’ai pu m’empêcher de le détester davantage, et, au moment où il s’est écrié : « Nous avons gagné, Thècle ! », ce nous ne désignant évidemment que lui-même, de lui souhaiter le pire mal qui puisse être pour lui, soit la cécité complète et subite des deux miroirs qui lui tapissent l’intérieur de ses verres de lunettes...