Si j’ai immédiatement reconnu le modèle de Judith, je suis par contre bien en peine d’en faire la description, tant il y a de complexité et d’ambiguïté dans cette pose. Que l’on se figure le corps allongé d’une femme, une femme vautrée, ou plus exactement se prélassant, et dont le mouvement est tout en torsions et en étirements, dont l’impression d’ensemble est tant le désordre de la somnolence – le corps qui s’oublie – que l’invite au plaisir – le corps qui se donne... Quoi qu’il en soit, elle se présentait de face, allongée en biais sur une masse de coussins. Les épaules sont à plat – quoiqu’en oblique par rapport au plan du lit –, tandis que le reste du corps ne semble reposer que sur sa jambe droite du fait de la forte torsion imprimée à son bassin vers le haut. Cette jambe, dont la cuisse est presque à l’horizontale, épouse le rebord du lit. Le pied ne touche pas le sol et est étiré. La gauche, qu’elle a complètement pliée, repose au niveau du mollet sur le haut du genou droit, tandis que le pied prend appui sur le rebord du lit. Le bras droit, dans l’alignement des épaules, est plié et rejeté en arrière, tandis que du gauche je ne vois que la main qui émerge, telle une serre prête à saisir, de derrière la cuisse relevée. La tête basculée sur son épaule gauche semble effleurer le sein dont le renflement est exagéré du fait de la cambrure conférée au dos ; les yeux sont clos ; le visage inexpressif paraît illustrer le repos, l’endormissement, contraste donc avec le reste du corps dont je ne sais si la sensualité intense de la posture est volontaire ou non...