Puis la conversation a tourné court, et sans même que je ne m’en sois aperçu, elle a quitté la boutique.

Je me suis encore attardé un peu et, sans rien avoir acheté, l’ai quittée à mon tour pour reprendre le chemin de l’immeuble.

En passant le coin de la rue, je suis tombé nez à nez avec elle : elle se tenait au milieu du trottoir, mains dans le dos, et visiblement m’attendait. Elle m’a souri, puis a fait apparaître ses mains dont l’une tenait un 33 tours qu’elle m’a tendu.

« Tenez. »

Et comme j’en prenais possession, assommé, ahuri, elle m’a plaqué ses doigts sur la bouche et adressé un clin d’œil avant de déclarer :

« Je m’appelle Mathilde et je partage ma chambre avec Isabelle. »

Dans sa brusque volte-face, ses cheveux blonds et soyeux ont volé et elle s’est éloignée en toute hâte en direction du foyer...

Je suis rentré et encore un peu étourdi ai écouté Absolutely free, de Zappa, avec les Mothers of Invention, Verve Select 2317 035, 1967, pressage anglais, que je rêvais de posséder. Et lorsque j’ai jeté un œil par la fenêtre, je l’ai effectivement vue aux côtés d’Isabelle, et toutes deux me regardaient...