Alors, elle note, constate, simplement, sans commentaires ni pensées particulières, comme elle note l’expression du visage de son époux dont l’austérité habituelle est fortement teintée du rouge de la rage et de la colère (mais elles aussi tout à fait habituelles) à la vue des saletés que lui-même laisse sur la moquette.

Ignace dépasse sa mère, debout, au téléphone, et se jette directement dans les bras de son frère. Ils se serrent et s’embrassent, rient et se disent n’importe quoi, et si leur mère voulait bien accorder un peu plus d’attention à leurs retrouvailles, elle serait elle aussi bien obligée d’admettre que c’est proprement touchant.

« Non... attends, je vais lui demander... »

Puis Ignace revient sur ses pas – légèrement hésitants et même plus hésitants qu’à son entrée, comme si ces effusions fraternelles l’avaient définitivement étourdi – et se dirige vers sa mère ; il l’embrasse avec tendresse et affection, et s’apprête à la laisser pour se délester de son sac et en extraire la bouteille qu’il a l’intention de brandir comme un trophée : c’est une surprise...