Ce sont sept filles qui à présent remontent le couloir du premier étage du foyer. Elles sortent d’une chambre, enrichies d’un nouveau membre, enrôlé avec presque trop de facilité : la compagne de chambre de Diane.
Il y a donc Louise, la principale instigatrice, qui, comme il se doit, est à la tête du convoi. Puis Sophie et Clotilde ; puis Diane et Élisée ; et enfin, avec Germaine, la toute dernière, Léonce, qui l’instant d’avant cherchait dans un atlas une quelconque destination pour ses vacances et, pour cette raison, a été déléguée aux « transports » (dans toutes les acceptions du terme, on en reparlera).
Léonce est grise et disgracieuse. Elle porte de lourdes lunettes et un perpétuel air effaré. D’une nature particulièrement indécise, elle se jette sur la première occasion qui lui permette de n’avoir pas à trancher, à choisir, à opter, à s’avancer. Aussi, c’est avec une remarquable rapidité – qui n’a même pas laissé le soin à Louise d’achever – qu’elle se rend corps et âme à la cause dont la promesse d’un voyage dans les hautes sphères vaut bien les sommets de l’Oural, les plages de Bahia, les sables d’Égypte, les chantiers de La Ciotat, les pins du Canada, les neiges des pôles, lieux de choix entre lesquels elle hésitait pour l’occupation de son mois de juillet...