C’est sans doute à la suite d’un différend conjugal qu’Élisée s’est vue affublée d’un prénom qui, outre le fait d’être biblique, est typiquement masculin. Que faire ? se dit-elle, elle à qui il a fallu près de treize ans pour l’apprendre, treize années durant lesquelles tout le monde n’y a vu que du feu (le « e » final servant certainement dans l’esprit de tout un chacun et chacune de garant à la féminité), sauf quelques garçons éclairés au fait des multiples péripéties de l’Ancien Testament et qui, en secret, car trop bien élevés, la moquaient et lui attribuaient, à tout hasard, des mœurs inverses à celles que ses formes précocement femmes lui imposaient.

Mais ils se trompaient, car à l’image de ses formes, Élisée est bien femme, une femme à part entière même si, en y regardant d’un peu plus près, on peut déceler chez elle quelques traits du garçon manqué.

Le manteau, par exemple, le manteau qui était la réponse à sa question. Que faire ? s’était-elle dit ; et l’une des solutions possibles à son désarroi – car malgré tout il y a eu en elle un certain trouble à la découverte de son prénom, prénom non idoine qui lui est apparu comme une usurpation –, et après qu’elle s’est enquise de quelques renseignements au sujet de ce prophète qu’elle rendait tout de même un peu responsable de sa situation, a été le manteau...