Jamais je n’aurais cru qu’il ait été si difficile de dévêtir un corps inerte, et qui plus est assis, et de surcroît dans cette position très particulière que reproduisait Rolande.

Aussi ai-je très vite renoncé, ai-je très vite compris que d’ôter ce sweat-shirt et ce blue-jeans trop serré sans déplacer le bras accoudé au dossier de la chaise ni bouger ces jambes au contact l’une de l’autre relevait de l’impossible, et ai-je abandonné l’idée de la déshabiller de mes mains et dû, seul moyen à ma disposition pour espérer parvenir à mes fins, recourir à une paire de ciseaux.

Il y en avait justement une, posée bien en évidence au centre de la table, une grosse paire telle qu’en utilisent les tailleurs ; elle semblait saillir du volume total de la pièce (qui à ce moment n’aurait plus été qu’une vaste surface plane), et à un point tel que je me suis demandé dans quelle mesure cela aussi n’avait pas été préparé, prémédité, si le jeu ayant été pensé d’un bout à l’autre et dans les moindres détails, elles ne s’étaient pas posé la question problématique du déshabillage dont elles me fournissaient le seul instrument indispensable à la réalisation...