Propos qui, en vérité, étaient réduits à de simples mots, monosyllabiques, mots projetés régulièrement à la face du téléviseur et qui, elle s’en apercevait maintenant, s’inséraient exactement dans le déroulement du jeu en tant que réponses aux questions posées, et que soulignaient à chaque fois ses éclats de rire déments.
Et plus que cette voix que je ne reconnaissais pas, c’est le contenu même de ces mots qui m’a frappée, m’a désemparée, m’a laissée incrédule et comme étourdie, m’a fait paraître irréelle cette scène dans laquelle Germain se révélait être tout à coup la plus ignoble des créatures, lui qui, parmi ses multiples travers, n’avait pas celui de la grossièreté. Car c’est bien « bite ! » que j’ai entendu en passant la porte, et que j’ai reçu comme une gifle en plein visage, puis « nœud ! », puis « paf ! » qui m’ont fait douter de mes sens, puis « gland ! », et « chatte ! », auxquels je n’ai pas osé croire, puis un ignominieux « foutre ! », appuyé à outrance, et enfin, comme j’atteignais le sofa dans lequel l’instant d’après j’allais découvrir son ami Juste, un dernier « con ! », qui peut-être a soulevé l’un de ses rires les plus sonores et les plus féroces, et m’a comme sonnée, et m’a subitement donné l’envie de le voir disparaître à jamais...