C’est dans le sofa de droite qu’est vautré Germain, les pieds dirigés vers la fenêtre, et il n’a donc pas vu entrer Marthe ; et c’est dans le sofa qui regarde la fenêtre qu’est assis Juste, et Marthe ne l’a donc pas vu à son entrée.
À ce moment donc où Marthe s’avançait dans la pièce et découvrait le corps secoué de rires de son amant, elle ne voyait pas Juste. Mais si elle ne le voyait pas, elle l’entendait ; ou du moins, elle entendait une voix, une voix qu’elle ne connaissait pas, qui n’était pas celle de Germain ; ou du moins, puisque pas un instant elle n’a pensé à l’éventualité d’une autre personne dans la pièce, une voix qui ne semblait pas être la sienne et pourtant ne pouvait être que la sienne... Alors, en considérant le jeu télévisé qui paraissait être la cause de son hilarité, elle s’est dit qu’il la contrefaisait, manière pour lui d’y participer en singeant le timbre misérable des candidats ; mais aussi, de donner à la nature de ses propos – inconcevables autrement – le caractère d’un rôle qu’il interpréterait...