En réalité le lendemain. Pour diverses raisons dont certaines évidentes puisque entre-temps tu auras reçu ma lettre, j’ai pris quelque retard dans la rédaction du journal. Je le reprends aujourd’hui. Sans trop savoir quoi y dire, quoique les faits abondent, dont le principal, l’énorme d’importance, tu le sais, le chien... En toute logique (mais est-ce si logique que cela ?), je devrais en parler : le journal est là pour ça, pour être le témoin et le « confident » (en tout cas la trace) de faits, aussi douloureux soient-ils, de pensées, de réflexions, aussi pénibles soient-elles. Pourtant, je ne m’en sens pas l’envie, ni d’écrire, ni de parler de lui. Je le fais pourtant. C’est comme un devoir. Pas une obligation, mais un devoir... Les jours passent, et le poids de cette terrible nouvelle qui nous est tombée dessus s’allège, s’estompe. Il y a toujours la boule dans le creux du ventre, mais qui commence également à se faire oublier, car, et je ne me le répéterai jamais assez : comment croire à la réalité de cette mort proche, imminente, alors qu’il n’y a chez lui que des signes manifestes de vie (et j’ajouterai même qu’il est en forme comme il ne l’a pas été depuis longtemps, en tout cas pas depuis l’apparition des premiers troubles, il y a deux mois) ?...