Voilà, c’est fait : il fallait prendre une décision et elle est prise ; il fallait déterminer la substance à administrer et elle est déterminée ; il fallait trouver la bonne manière de l’administrer et elle est trouvée... Ne reste plus désormais qu’à la lui faire prendre, problème délicat dont ils discutent encore, à voix basse et sans se regarder, sur le seuil de la porte qui ne va plus tarder à s’ouvrir.

Comme tous les mercredis – rien n’a changé –, Philippe/Jacques viennent visiter la grand-mère Jacqueline qui toujours bon pied bon œil les accueillent et, du bout de sa table où elle s’assoit, les regardent s’asseoir à leur tour, et prendre position l’un à côté de l’autre, s’installer comme deux potiches pour la confrontation muette qui va les tenir tous trois réunis durant une longue demi-heure.

Puisque c’est Jacques qui a imposé l’idée du poison – qu’il a fait prévaloir contre celle de la strangulation émise par son frère –, c’est lui qui en a fait le choix  : c’est de l’occimadréine, savoureuse décoction dont il dissimule une ampoule dans la poche droite de sa veste...