« Ce n’est pas que je sois contre le CD. Non, en fait, je serais plutôt pour. Ce que je lui reproche, c’est son manque de souffle. Tu m’entends, Jean-Bapt’ ? Son manque de souffle, car s’il n’y a pas de souffle, il n’y a pas de vie. Et le souffle, c’est la respiration de la musique.

– Et le piano, alors ?

– J’ai dit la musique. Pas l’instrument.

– Le pneuma, en quelque sorte.

– J’ai dit la vie, pas le céleste. Mais si tu veux assimiler bruit de fond, distorsion et décibel à l’éther, d’accord, va pour le pneuma. Mais si par pneuma, tu sous-entends le divin, je dis non. Tu m’écoutes, Jean-Bapt’ ? À moins que tu ne veuilles souligner son caractère d’inaccessibilité, de perfection – car c’est bien ce que l’on tente de conférer au son, sans penser une seule seconde que Dieu ne serait rien sans la fange à ses pieds –, et je dirais même d’éblouissement. Car, en définitive, qu’est-ce que le CD sinon un éblouissement des oreilles ?

– Ébl-ouïr !

– Et qu’est-ce que l’éblouissement sinon l’aveuglement ?...