Cela fait bien rire Germain qui, chaque fois qu’il le peut, se poste à son balcon à cette heure-là... Il est sept heures tapantes et la porte d’entrée du numéro 20 s’ouvre, Augustin sort, fait quelques mouvements d’assouplissement sur le seuil, puis part. Au pas de course, il descend la rue, invariablement. La descend jusqu’au numéro 2, où il traverse la chaussée pour remonter la rue de l’autre côté ; ainsi jusqu’à l’autre bout de la rue où il traverse de nouveau pour de nouveau se retrouver du côté pair qu’il descend de nouveau au pas de course – avec un peu plus d’allant : il est chaud –, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’une heure juste se soit écoulée. Il est huit heures et Augustin rentre chez lui. On ne le reverra plus de la journée...

Durant son périple, sa circumpédestration, il doit donc passer devant le numéro 17 où, au balcon du premier étage, Germain tient son poste. Il rit. Il est assis sur une petite chaise en osier face à une minuscule table de sa fabrication – minuscule balcon pour lequel aucun objet manufacturé n’avait été pensé – qui supporte le plateau du petit déjeuner et il rit. C’est là qu’il prend toujours son petit déjeuner, quel que soit le temps. Et s’il lui arrive de n’être pas exact au rendez-vous du matin, ce n’est pas à cause du temps – qui l’empêcherait de mettre le nez dehors –, mais plutôt de l’heure tardive à laquelle il serait rentré qui, de temps à autre, n’est pas loin de coïncider avec celle à laquelle Augustin sort...