Mais en règle général, il est là ; jamais vraiment dispos ni tout à fait réveillé, mais en tout cas prêt ; tout d’abord accoudé à la balustrade (d’où il assiste à la sortie du champion, qu’il acclame avec force et véhémence), puis installé à sa petite table que de temps à autre il quitte pour se pencher et saluer sous lui le passage d’Augustin qui fait mine de rien.

« Allez, vas-y, pépé ! »

Ou :

« Du nerf, pépé ! C’est mou, ça, aujourd’hui ! »

Ou encore :

« Une deux, une deux ! Tu l’auras ta médaille, pépé ! »

Et Augustin sort, fait son tour, sa ronde matinale. Il court et ne dit rien ; ne lève ni ne détourne jamais la tête de son objectif qui est le bout de la rue ; ne rompt jamais la cadence, ne ralentit jamais le rythme de sa course. Il court et le reste n’existe pas. Pourtant, de temps à autre, et sans que ça ne soit un signe de colère, d’exaspération ou d’agacement, il lève le bras droit et présente à son unique spectateur un majeur bien senti, ou, moins fréquemment – serait-ce une gêne pour une bonne régularité de son évolution ? –, un bras d’honneur bref et bien tapé...