À peine a-t-elle ôté le doigt de la sonnette que la porte s’ouvre, et pourrait-on dire, tant ça a été rapide, vif, quasi instantané, qu’elle s’efface, se volatilise, disparaît : un moment, il y avait une porte et à présent il y a une forme, la forme du corps d’une adolescente dont le sourire instantanément s’évanouit, dont l’élan en avant brutalement se rompt à la vue de Marcelle, elle-même surprise, sur le paillasson, tant par la promptitude et la soudaineté avec lesquelles les deux images se sont succédé que de la métamorphose du visage de Nina à sa vue.

Durant un moment de pur flottement, elles se regardent, se dévisagent comme si elles ne s’étaient jamais vues.

« Eh bien, je constate que tu es ravie de me voir ! »

Aussitôt le sourire réapparaît.

« Oh non, ce n’est pas ça, mais... » Marcelle se penche et elles s’embrassent. « Mais je pensais que... » Nina s’efface, la laisse entrer et referme la porte.

« Que c’était Sébastien, je parie.

– Oh ! oui, je pensais que... mais...

– Ressaisis-toi. Tu es bien agitée. Regarde dans quel état tu es !

– Mais tu savais qu’il devait... ?