Il est bien mis, et, à sa manière de s’asseoir et de tenir d’une main sa cigarette et de l’autre la publication, on comprend vite que de sa bonne éducation il a tiré prestance, chic et assurance.
Il se prénomme François-Xavier et enquête secrètement pour le compte d’un consortium étranger qui cherche à s’implanter dans le quartier (immobilier, finances, bureaux, on ne sait). Pour l’heure, ne sachant exactement ce qu’il doit chercher, il regarde, observe, écoute et relève. Quoi ? Tout et rien, et présentement, le Petit Écho, qui lui semble du plus grand intérêt.
Lorsqu’il ne regarde pas Marguerite, Roméo jette des coups d’œil à cet inconnu dont la façon de se tenir et de sourire ne lui dit rien de bon. Il a hâte qu’il s’en aille, comme si sa seule présence devait suffire à vider à tout jamais son établissement, et quoiqu’il sache bien que le peu d’affluence à cette heure-ci de ce jour-ci est on ne peut plus normale, il se demande dans quelle mesure ce type n’en est pas responsable. Aussi, d’une œillade il attire l’attention de Marguerite et lui fait comprendre d’aller se faire régler la consommation, espérant ainsi inciter l’homme à partir. Ce qu’il ne fait pas, car, après avoir effectivement payé, il renouvelle son eau minérale, commande qui apparaît à Roméo comme un affront supplémentaire à la réputation de son bar...