Henri/Joël/Henri ne disent pas bonjour. Ils n’y pensent pas, ou ne le veulent pas ; ou alors ils ne voient pas ce qui les entoure et agissent comme s’ils étaient seuls dans la cuisine, seuls dans la maison, seuls dans la ville, et même seuls au monde. Ils s’assoient, s’emparent d’un premier bout de baguette qu’ils engloutissent aussitôt ; puis se tournent vers la gazinière et attrapent la casserole où le lait frémit encore. L’un et l’autre en emplissent leur bol, dans lequel, l’instant d’après, ils font tomber deux grosses cuillerées de cacao. Ils mélangent le tout, puis y trempent leur second bout de baguette, tandis que Clarisse se lève et court en direction de l’escalier et que Gérard et Rodrigue quittent leur chaise, l’un pour préparer ses affaires, l’autre pour s’en aller chercher les siennes chez lui.
Henri/Joël/Henri avalent leur troisième bout de baguette. Il y en aura encore un quatrième, croqué avec autant d’avidité et de délectation que les trois précédents. Henri/Joël/Henri ont faim. Ils ont toujours très faim le matin...