Thérèse entre dans la cuisine au moment où ils en sortent, l’un en ne disant pas bonjour à sa mère, l’autre en sachant qu’il n’aurait pas dit bonjour si à ce moment-là sa propre mère était entrée. Ils filent dans la salle de bains au premier, ôtent leur veste de pyjama et ouvrent le robinet d’eau chaude. Puis se coiffent soigneusement, tandis que le lavabo se remplit, l’un d’eau chaude, effectivement, l’autre d’une eau à peine tiède, le plombier doit passer. Mais c’est de l’eau chaude néanmoins, et avec cette eau, ils se lavent la figure, le cou, les bras, le torse, méticuleusement, quoiqu’avec une certaine nervosité, comme s’ils étaient pressés d’en finir, impatience qui toutefois ne doit pas les empêcher de consacrer le temps nécessaire à leur parfaite propreté.
Ça y est, ils sont lavés ; propres ; à présent, ils peuvent se vêtir. Et vêtus, peuvent remonter dans leur chambre préparer leurs affaires, moment où Michel, le père, sort de la sienne, ébouriffé et ensommeillé : à peine voit-il son fils qui passe devant lui, son fils qui de toute manière ne l’a pas vu, ou a feint de ne pas le voir ; moment où Laurent, le père, descend du second où il s’est endormi à même l’un de ses claviers d’ordinateur, et qui lui ne voit rien, n’entend rien, ni épouse ni fils, et bougonne, marmonne, se révolte en douceur contre le supplice qu’est pour lui l’obligation de se rendre au travail...