Alors, il poursuit son survol, puis son examen de chaque dos jusqu’à ce qu’un autre livre lui vienne en main, une main qui de la même manière tient tandis que l’autre feuillette, cherche un point d’ancrage à son envie, et qui, au bout du compte, rebrousse chemin et replace le livre à l’endroit exact où il a été pris.
Ainsi du temps passe, et Georges finit par s’apercevoir qu’à côté de lui il n’y a que du vide, et que les rayonnages sont tout aussi pleins : il est mis face à cette drôle d’évidence qui veut que parmi tous ces ouvrages qu’il est impatient de lire, il est tout à fait incapable d’en choisir un.
Et a fortiori, dix.
Mais heureusement, il y a Florent, Florent qu’une heure auparavant il tardait de voir arriver et auquel à présent il ne pense plus. Mais qui entre quand même, est arrivé et entre, rouge, tout essoufflé, d’avoir couru jusqu’à chez lui et d’avoir trop vite monté les escaliers jusqu’à sa chambre. Il est en retard, il le sait, s’en excuse vaguement en riant, puis découvre sur le lit les bagages encore ouverts, puis Georges lui-même, accroupi devant ses livres alors qu’il devrait être prêt. Prêt et impatient. Impatient et furieux...