Et Firmin raconte – mais à qui raconte-t-il puisque manifestement il ne les voit pas et que ce n’est pas à eux qu’il s’adresse ? –, comment, alors qu’il revenait de l’école en compagnie de son frère et s’apprêtait donc à remonter la rue, il a vu sortir de l’immeuble du numéro 6 un homme accompagné d’une gamine, un homme qu’il ne connaissait pas, qu’il n’avait jamais vu, et une gamine qu’il n’a pas reconnue de suite, mais que Serge a immédiatement identifiée, et en effet il s’agissait bien de la petite Nathalie, et lui-même l’a reconnue aussitôt après alors qu’elle se retournait – oui, en vérité, elle le précédait, et sur le coup, au premier regard, rien ne pouvait permettre de deviner qu’ils étaient ensemble, et en vérité, je ne sais pas pourquoi j’ai aussitôt pensé qu’elle l’accompagnait, je ne sais vraiment pas pourquoi j’ai pensé cela –, qu’elle se retournait, c’est-à-dire qu’elle faisait volte-face, c’est-à-dire qu’elle lui faisait tout à coup face ; tout à coup, car ça a été subit, brusque, brutal ; oui, brutal, c’est tout à fait le mot pour qualifier le geste de ce type – car davantage qu’un homme, c’était un type, avec (et il le voyait distinctement à présent que tous deux atteignaient le Turandot) un drôle de regard, une drôle d’attitude, de drôles d’habits, de drôles de manières –, que ce type a eu envers elle et qui a consisté à l’attraper subitement à l’épaule et, par une traction violente, à l’obliger à se retourner vers lui, à lui faire brutalement face...