Depuis des mois qu’elle est là, à demeure, chez Guénolé, Ida n’a jamais vu une seule fois Anicet sortir plus d’une demi-heure : Anicet est un incorrigible casanier. Aussi, cette après-midi-là, lorsqu’il a enfilé sa veste et s’est tourné vers elle pour lui demander si ça ne la dérangeait pas de garder la boutique durant plusieurs heures, et éventuellement d’en assurer la fermeture si d’aventure il ne serait pas rentré, sa réaction première a été un sursaut de surprise et non un élan de joie.

Mais pensez donc, bien sûr, il n’y a pas de problème. Il est parti et elle est restée seule au milieu de la cuisine, et, puisque Guénolé était absent aussi – elle ne lui a pas fait part de son projet –, seule dans la maison que depuis des semaines il lui tardait de passer au crible, de fouiller de fond en comble afin de dénicher des photographies de Gisèle qui, à en croire Anicet, n’existaient pas.

Alors seulement, la joie est arrivée...