Elle ne doit pas avoir dix ans. Elle a un air farouche, décidé et sournois. À l’exception d’une petite culotte bleue un peu trop grande pour elle, elle est nue. Elle se tient là sur le seuil, la main accrochée au bouton, et regarde Raoul, comme Raoul la regarde, comprenant alors qu’elle est l’unique modèle des photographies et que Céline est son prénom.
Ou du moins le prénom qu’Hervé a jugé bon de lui attribuer. Mais il ne le croit pas, car lorsqu’elle tournera la tête vers lui et dira :
« J’peux rentrer chez moi, m’sieur ? »
il répondra – sur ce ton classique que l’on accorde généralement aux enfants (et pour une raison obscure, Raoul en sera surpris) :
« Oui, Céline. C’est fini pour aujourd’hui. Tu peux aller te rhabiller... »