C’est un bleu, le même bleu Klein que sa veste est fière d’arborer ; et aussitôt il fait la relation avec la somme de ses assauts repoussés, dont celui qu’a marqué l’aspersion qui, pour son esprit de critique et d’admirateur, est loin d’être le moindre.
« Ah, vous peigniez ! » fait-il avec l’assurance bête de ne pas pouvoir se tromper.
Hervé hausse simplement les épaules, sans autre expression sur le visage qu’une vague lassitude ; puis l’invite du bras à avancer et à suivre le couloir.
« Deuxième porte, s’il vous plaît. »
Raoul ne se fait pas prier, et Hervé lui emboîte le pas jusqu’à la porte close, à droite, dont Raoul hésite un moment à toucher le bouton, pour ensuite franchement l’empoigner et le tourner, et enfin pénétrer dans l’antre du maître qui, contre toute attente, n’est pas l’atelier.
Des trois pièces qui à l’origine constituaient le rez-de-chaussée, Hervé en a fait une seule : c’est le bureau. À l’exception d’une bureau-caisson muni de sa chaise, de deux chaises en tubes et Formica et de trois chevalets, il est complètement vide. Le bureau est près de la fenêtre de la rue, les deux chaises – se faisant face et distantes de trois mètres – occupent le centre de la pièce, et les trois chevalets – l’un à côté de l’autre et regardant la rue – garnissent le fond-cour. À l’exception des planches à dessin que supportent les chevalets, tout est peint en bleu...