Elle manipule avec une redoutable aisance la flûte et le pipeau, la guitare et le banjo, la bombarde et le saxo ; et se joue avec une désinvolture désarmante du luth et de la cithare, de la viole de gambe et de l’harmonica, de l’ophicléide et de la timbale.

Il en est bien d’autres qui, avec ceux susnommés, s’alignent, se coudoient et s’amoncellent dans sa seconde chambre du premier. Ils y sont tous, ou peu s’en faut, de toutes sortes et de tous calibres, de tous pays et de toutes dimensions, sauf le grand piano, ou l’harmonium qui, n’avaient été l’étroitesse des voies d’accès et l’exiguïté de la pièce proprement dite – telle qu’elle se présente actuellement, car à l’origine elle était bien la plus grande chambre des deux étages –, auraient figuré aussi dans le lot.

Tous les ans, le jour de sa fête, chacun et chacune croit bon de venir lui faire le présent d’un instrument ; elle s’en empare d’un geste vif et en remerciant gravement avant d’aller le déposer là-haut pour plus tard le ranger parmi les siens s’il se trouve qu’elle ne le possède pas déjà, ou, dans le cas contraire, pour le briser et en faire disparaître les morceaux...