La main gauche de Casimir tient serré tout un lot de pièces jaunes qu’il fait passer une à une dans sa main droite qui elle, d’une pichenette, les propulse en direction de l’ouverture du chapeau. Il opère avec application et gravité, et qu’il rate ou touche ne change en rien son expression qui est celle d’une intense concentration. Une fois ses munitions épuisées, il se redresse, mollement, avec lassitude, puis, avec une infinie lenteur, se met debout et fait avancer son corps maigre jusqu’à sa cible où il récupère les pièces en délaissant toutes celles qui ont atteint leur but.

Avec la même langueur confinant à la somnolence, il reprend sa place à la porte du garage n° 12 et recommence.

Il a fait trois allers et retours et s’apprête à achever le quatrième – il est au milieu de l’allée et ne dispose plus que de dix pièces – lorsque retentit son nom.

C’est un cri aigu et tremblotant – presqu’un trémolo – qu’il reconnaît aussitôt. Il lève en direction de la fenêtre du cinquième étage de son immeuble ; s’y tient une autre tête ronde et écarlate qui pour la seconde fois mugit :

« Casimiiiirrr !!!... »