Et là encore, au-delà de son saisissement et de son vertige, et malgré l’évidence de son jeune âge, il s’étonne de tant de changements en une seule et même personne qui parfois lui font douter, sur certaines vues, qu’il puisse s’agir de la même, et l’angle de prise de vue ou une certaine direction de la lumière n’y sont pour rien ; et à ces moments-là, afin d’être sûr de ne pas la confondre avec l’une de ses compagnes de pose, il doit approcher son visage du sien pour l’examiner, l’étudier, l’ausculter (en ne s’interdisant pas parfois un léger baiser), sur l’un en particulier – mais il est vrai qu’elle y a le visage rejeté sur le côté, qu’elle porte une grosse paire de lunettes noires et que quelques mèches lui cachent en partie la joue –, il a dû procéder par élimination, à savoir, puisque cinq modèles différentes illustrent cette rubrique, chacune d’elles ayant un nombre sensiblement égal d’apparitions, finit par conclure qu’il ne pouvait s’agir que d’elle puisque, en aucune façon, il ne pouvait s’agir des autres, toutes très différentes d’elle et chacune bien typée.
Ainsi, de la page 168 à la page 192, Carine apparaît vingt-deux fois ; vingt-deux fois différemment, autant dans l’expression, la pose que dans le vêtement présenté ; c’est-à-dire, pour lui, vingt-deux chocs successifs qui vont en s’intensifiant, avec une sorte de paroxysme sur les deux dernières où incontestablement elle se révèle la plus belle...