Honoré opine machinalement, pas plus surpris que cela de cette voix déjà grosse qui s’est glissée avec une relative facilité entre les dents maintenues serrées.
« Mon père, c’est Valentin. » Le doigt n’a pas bougé. « Ma mère, c’est Colette. » Le regard ne l’a pas quitté. « Mes trois sœurs, c’est Zita, Alida et Larissa ; moi, c’est Bernardin, et j’ai encore un frère, mais il est encore trop petit pour recevoir des lettres, alors c’est pas la peine que vous le savez... Faut que vous vous rappelez de tout parce que tout ce qui est pas à nous, on le jette à la poubelle, et vous, tintin pour les étrennes ! » Son doigt s’est vivement propulsé jusqu’à son visage pour tracer une ligne rapide sous son nez. « Et idem pour les prospectus. Pffft ! Rappelez-vous bien de ça !... »
L’index est revenu sur l’étiquette qu’il tapote deux ou trois fois avec force. Puis reprend sa place dans le poing, le poing qui lui-même regagne sa place contre la cuisse, la cuisse qui avec le reste du corps pivote et suit le mouvement de l’ensemble qui se met à gravir les marches avec raideur et gravité...