Il lui faut du temps pour comprendre, pour se rendre compte que la chambre du petit Casimir est vide, qu’elle y est seule, abattue, avachie, abîmée dans les pleins et déliés du lit sur lequel, une minute auparavant, Vincent lui tressait avec horreur une dernière guirlande dédiée à son ivresse (excusez du peu).
Elle soulève sa grosse tête, ramène ses bras le long de son corps, clôt l’angle humide de ses molles cuisses qu’elle ne prend même pas la peine de recouvrir, de dissimuler (et qu’elle soit seule n’y change rien : elle aurait pareillement agi devant une salle de spectacle comble) avant de planter ses coudes, de se redresser et de parvenir vaille que vaille à se remettre debout, ou plus précisément à se remettre sur pied car debout c’est beaucoup dire pour qualifier la forme et la position que prend présentement son corps dans l’espace : lourd, ramassé, vrillé, cassé, innervé, gauchi, disloqué, il ne tient sur sa base que par la seule force et seule volonté d’une pensée qui depuis longtemps ne lui appartient plus, qui depuis longtemps est autonome et indépendante, ne se servant d’elle – c’est-à-dire de son corps – que comme moyen de locomotion, de déplacement entre deux points immuables et invariables dont la seule et unique matière qui les constitue est le verre...