Pour l’heure, son auditoire ne se limite strictement qu’à des comités familiaux qui assurent, en frappant dans leurs mains, que c’est à s’y méprendre et qu’à l’instar de son maître, il a beaucoup de talent (c’est du moins ce que soutient son père – les autres, dans le doute, se sont rangés à son avis –, son père, Robert, fan de la première heure, et donc plus ou moins responsable de la destinée sordide de son fils en qui il verrait bien une preuve de l’éternité ici-bas), mais il ne désespère pas de voir un jour une lame sournoise engloutir le trop malin navigateur, qui, par ricochet, le propulserait sur le devant de la scène : Le retour du mort-vivant, Le passé à la rescousse du présent, Quand il n’est plus, il est encore...

Antoine est prêt. Il a vingt ans et depuis deux ans, il est prêt. Chaque jour, il répète, comme chaque jour il écoute les bulletins d’informations, et regarde les actualités télévisées, à l’affût de la moindre rumeur en provenance des Mers du Sud...