Alors, Angèle s’appelle-t-elle, et ainsi consent-elle à se faire appeler, en tirant même parfois quelque bénéfice lorsqu’elle se dit que dans Angèle il y a ange, et donc angélique, ce à quoi elle se plaît de temps à autre – près des yeux et des oreilles de la famille – à jouer ; jouer l’ange, c'est-à-dire feindre l’angélisme (le mot est d’elle, encore que dans cet autre sens qu’elle lui a donné, à elle seule réservé). Et elle sait que pour y parvenir, il lui suffit de peu : juste ouvrir un peu plus grand les yeux dont elle va ralentir le mouvement, crisper légèrement la bouche pour lui conférer une expression de sagesse et d’ingénuité, pencher à peine la tête sur le côté en appuyant le clignement de ses paupières... C’est à s’y tromper, et tout le monde s’y trompe et, sans le moindre doute, lui attribue une nature tout à fait angélique (au grand ravissement de père et mère dont on se plaît à louer la justesse du choix) ; mais elle ne l’est en aucune manière, en aucun cas, bien au contraire, et son amie et maints garçons peuvent s’en porter garant...