Son amie, justement, qui à la première seconde de leur rencontre a perçu sa véritable nature sous le hâle, les habits chers et la mine d’angélisme que, pour se distraire (mais aussi, peut-être, pour mettre à l’épreuve cette fille qu’elle voyait pour la première fois et dont elle est aussitôt tombée amoureuse), elle avait exceptionnellement arboré à ce moment-là. Son amie avait aussitôt compris, et aussitôt avait été séduite, puis conquise, tant par la beauté évidente d’Angèle que par cette nature trouble et maligne qu’il lui suffisait d’un regard pour faire apparaître, ce regard qu’elle avait finalement consenti à lui offrir lorsque dans leur chambre d’étudiante elles s’étaient enfin retrouvées seules...
Son amie présentement bûche, potasse et pioche sur cette étude de Sainte Jeanne de Chantal via celle de Saint François de Sales, tandis qu’Angèle la regarde, la regarde sans que l’autre ne le sache ni même ne le sente, ne le soupçonne ; la regarde écrire, appliquée et grave, la regarde en écoutant le désir monter en elle, le désir d’elle pour qui elle porte des pulls collants et des jeans exagérément courts et serrés d’où sortent graciles et haussées ses chevilles nues et cuivrées (qu’elle garnit parfois de petites socquettes blanches qui ne laissent plus apparaître de la peau qu’une mince bande luisante et dorée, c’est ravissant)...