Sans se donner la peine de repousser le battant, il est entré et, comme s’il connaissait parfaitement les lieux, s’est aussitôt dirigé vers la grande pièce du rez-de-chaussée où il a découvert de multiples signes d’occupation : un des angles aménagé autour d’une paillasse, une petite table confectionnée à l’aide de bois de récupération et sur laquelle s’éparpillaient divers ustensiles de cuisine et de la vaisselle, puis, près de la cheminée où se consumaient des braises, un siège de voiture recouvert de sacs de toile et d’un plaid troué. Puis il est passé dans la cuisine, et de là dans le jardin dont l’état d’abandon total l’a tout particulièrement attristé, car s’il n’était pas suffisamment grand pour que l’on y cultive le navet, la betterave, la carotte, le topinambour (dont on aurait déjà achevé la récolte), ni pour y admettre de la lande (à défricher à cette époque de l’année), et encore moins pour y élever des animaux (qu’il est grand-temps de laisser à engraisser à l’étable), il pouvait en revanche supporter avec une certaine aise la culture de l’artichaut (à butter), le céleri, le cardon et l’asperge (dont on aurait coupé la tige), et admettre une serre (dans laquelle on ferait des semis de radis, de carottes, de choux-fleurs...), tout cela laissant encore suffisamment de place pour la plantation de diverses espèces d’arbres (dont des fruitiers – à pépins, par exemple, que l’on taillerait) et toutes sortes de plantes (à rentrer avant les gelées, naturellement), et de fleurs, desquelles il privilégierait le dahlia dont il ignore cependant l’arrachage en vue de la conservation de son tubercule...