Et il fallait donc choisir. Pour une raison obscure, Émile et Juliette ont décidé que ce serait Ignace, bien qu’il ne soit pas le plus âgé (mais pourquoi faudrait-il que ce soit le plus âgé qui part ?). Et Ignace est donc parti pour tout le mois chez la mystérieuse tata, bonne âme et personne exemplaire, mais néanmoins aussi énigmatique et effrayante qu’un fantôme, et ne serait-ce que pour cette raison-là, Alphonse n’est pas mécontent d’être resté, quoiqu’il soit tout de même un peu chagrin car s’il n’avait pas consenti à partir seul, c’est-à-dire jouir du privilège de « vacances saines » et de la connaissance, de surcroît, d’un être nébuleux surgi du néant, il aurait cependant bien aimé accompagner son frère qui, à en croire les parents, s’amuse comme un petit fou...
Alors, il attend, attend patiemment le retour de son frère, son frère qu’il accompagnera, durant quatre semaines entières, dans une colonie à l’autre bout du pays. Ni l’un ni l’autre ne sont jamais allés en colonie, et Alphonse en reste un peu troublé, inquiet, même si, à en croire les parents, on s’y amuse comme des petits fous.
« Vous viendrez nous voir ?
– Non, c’est trop loin. Et puis, c’est interdit. Les grandes personnes n’ont pas le droit d’y aller. C’est uniquement réservé aux enfants...