Aussi il a été le seul habitant de la rue à entendre distinctement les trois cris, à volume égal et avec une clarté et une définition étonnantes, et plus que le fait en lui-même – dont il n’a pas su relever toute l’étrangeté et l’unicité –, c’est ce qui l’a frappé en premier, lui dont le cerveau a immédiatement traduit ces sons en terme de notes de musique qu’un automatisme particulier a aussitôt transmis à sa conscience sous la dénomination d’accord de mineur septième (la pour Marie, do pour Louise, fa pour Inès).

Mais était-ce bien un accord de mineur septième ? Sur l’instant, il en a douté et, par acquit de conscience, il s’est aussitôt dirigé vers son piano pour aller le vérifier ; et comme de fait, l’accord plaqué s’unissait à merveille avec celui aérien qui, comme inépuisable, résonnait encore, avec cependant d’occasionnelles et infimes dissonances qui, loin de l’agacer, l’ont fait frissonner, frétiller, et l’ont poussé à plaquer de nouveau l’accord, puis à le doubler à l’octave inférieure, puis à le reproduire encore en en variant les hauteurs et en en augmentant l’intensité et la puissance jusqu’à parvenir à l’état parfait de la perception musicale, celui du retrait et de l’abstraction, celui de l’intemporalité...