Et à partir de ce moment-là, Agathe ne bouge plus et entame la seconde partie de la journée : celle de l’inconscience et du sommeil. C’est du moins ainsi qu’on peut l’interpréter du dehors, les inconnus, les ignorants, car Nina, quant à elle, préfère le terme d’absence, plus juste et qui, malgré tout, suppose une certaine part de conscience, soit-elle infime et complètement intériorisée. Nina l’aide alors à se lever (mais parfois en la laissant là, car, au bout du compte, quelle différence cela fait-il ?) et à gagner un fauteuil du petit salon, ou une chaise de la cuisine, ou une autre chaise près de la fenêtre du séjour – chaque jour elle varie les lieux de station afin de se donner l’illusion d’une autre situation –, ou plus simplement et plus généralement sa chambre où elle restera confinée, abstraite et soustraite du monde, jusqu’au lendemain matin, onze heures précisément, heure à laquelle elle ouvrira les yeux sur le visage de Nina qui déjà sera penchée et prête à l’extraire du lit...