Puis elle a ouvert le robinet d’eau chaude, et, dans l’attente qu’elle le soit effectivement, a baissé le regard sur sa poitrine dont elle a brièvement éprouvé des mains le volume. Elle en a conçu une légère contrariété, mais en considérant le reste de son corps – que le même regard en plongée englobait –, elle a retrouvé sa bonne humeur, et comme pour en vérifier l’authenticité, elle a aussitôt relevé les yeux sur la glace dont l’image était bien conforme à sa pensée : elle rayonnait.

À cette différence près, pourtant, qu’elle n’y était plus seule, que cette fois elle était double, mais sans pour cela être redoublée car cette seconde image inscrite sur la surface du miroir n’était pas la sienne, mais celle d’Adelphe qui en silence venait d’apparaître.

Il se tenait dans l’embrasure de la porte, immobile, avec une mine affable et un rien admirative, et, passée la surprise de le découvrir tout à coup si près d’elle – alors qu’il n’était pas censé se trouver à la maison – sans qu’elle n’en ait rien su –, surprise d’autant plus vive qu’il s’était agi de son reflet et d’être mise face tout à coup à cette version inversée de son mari l’avait fait frissonner, elle a ressenti comme une seconde vague de bien-être qui, ajoutée à la première, l’a comblée tout à fait...