p. 268 :
le poème de Patmore cité en exemple par Ruskin :
contre la femme prodigue qui, si elle avait été économe,
« de brutes auraient fait des hommes, et d'hommes des dieux. »

le portrait de Ruskin en couverture :
une belle tête de
Mormon

270 et suivantes :
l'homme, la femme, le foyer.
« Le pouvoir de l'homme consiste à agir, à aller de l'avant, à protéger. Il est essentiellement l'être d'action, de progrès, le créateur, le découvreur, le défenseur. Son intelligence est tournée à la spéculation et à l'invention, son énergie aux aventures, à la guerre et à la conquête, partout où la guerre est juste et la conquête nécessaire. Mais la puissance de la femme est de régner, non de combattre, et son intelligence n'est ni inventive ni créatrice, mais tout entière d'aimable ordonnance, d'arrangement et de décision. Elle perçoit les qualités des choses, leurs aspirations, leur juste place. Sa grande fonction est la louange. Elle reste en dehors de la lutte, mais avec une justice infaillible décerne la couronne de la lutte. Par son office et sa place, elle est protégée du danger et de la tentation. L'homme, dans son rude labeur en plein monde, trouve sur son chemin les périls et les épreuves de toute sorte ; à lui donc les défaillances, les fautes, l'inévitable erreur ; à lui d'être blessé ou vaincu, souvent égaré, et toujours endurci. Mais il garde la femme de tout cela. Au dedans de sa maison qu'elle gouverne, à moins qu'elle n'aille les chercher, il n'y a pas de raison qu'entre ni danger, ni tentation, ni cause d'erreur ou de faute. En ceci consiste essentiellement le foyer qu'il est le lieu de la paix, le refuge non seulement contre toute injustice, mais contre tout effroi, doute et désunion. Pour autant qu'il n'est pas tout cela, il n'est pas le foyer ; si les anxiétés de la vie du dehors pénètrent jusqu'à lui, si la société frivole du dehors, composée d'inconnus, d'indifférents ou d'ennemis, reçoit du mari ou de la femme la permission de franchir son seuil, il cesse d'être le foyer. Il n'est plus alors qu'une partie de ce monde du dehors que vous avez couverte d'un toit, et où vous avez allumé un feu. Mais dans la mesure où il est une place sacrée, un temple vestalien, un temple du cœur sur qui veillent les Dieux Domestiques devant la face desquels ne peuvent paraître que ceux qu'ils peuvent recevoir avec amour, pour autant qu'il est cela, que le toit et le feu ne sont que les emblèmes d'une ombre et d'une flamme plus nobles, l'ombre du rocher sur une terre aride et la lumière du phare sur une mer démontée ; pour autant il justifie son nom et mérite sa gloire de Foyer... Et partout où va une vraie épouse, le foyer est toujours autour d'elle. Il peut n'y avoir au-dessus de sa tête que les étoiles ; il peut n'y avoir à ses pieds d'autre feu que le ver luisant dans l'herbe humide de la nuit ; le foyer n'en est pas moins partout où elle est ; et pour une femme noble il s'étend loin autour d'elle, plus précieux que s'il était lambrissé de cèdre ou peint de vermillon, répandant au loin sa calme lumière, pour ceux qui sans lui n'auraient pas de foyer.
 »
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