Lorsque j'avais parlé du Testament
amoureux, de Rezvani, je
t'avais dit ma déception par rapport à
sa première période, riche, envolée, pétillante,
échevelée... Parmi ces premiers livres, Les Années-Lula, que j'ai lu il y a une quinzaine d'années en poche
et trouvé récemment en
première édition. Je suis en train de le relire donc...
J'avais quelques réticences au départ du fait de ce type
d'écriture, spontanée, directe, jetée, projetée, dont le
dessein est la relation autobiographique. L'autobiographie
s'appuie sur une écriture qui l'enfle et la fait déborder, lui
fait se permettre toutes les audaces et souvent le délire le
plus complet. En soi, c'est louable, évidemment et
je me souviens que ça avait été un choc à l'époque, comme un
pétard qui aurait fait voler en éclats toute une littérature
propre, guindée et auto-satisfaite (rien de changé de ce
côté-là) , mais avec le temps, cette force et cette vie
s'étaient un peu étiolées, je lisais d'autres choses, je
voyais les choses d'une autre manière et, au bout du compte, en
regardant les souvenirs qui m'en restaient, je m'aperçois que
ça n'offrait pas tellement d'intérêt (j'ai dit un peu la même
chose pour Miller) et j'ai commencé à oublier. Jusqu'à Feu,
il y a quelques années. Feu qui rompait totalement avec cette « première
période » décousue, explosive, chaotique (mais aussi exaltée, et exaltante, car
je remarque en relisant à quel point ce livre est joyeux, pétulant et riant).
Qui n'était plus autobiographique (toujours et encore son amour fou pour et avec
Danielle – Lula –, j'en ai parlé), mais était un roman. Classique. Du moins à la
structure et texture classiques, avec une intrigue, une histoire, des
personnages, des péripéties, des rebondissements. Mais
qui pourtant (des années s'étaient passées entre les lectures)
m'avait extrêmement plu et frappé (il y a quelques passages
extraordinaires). À tel point que je m'étais dit que c'était
ce Rezvani-là que je préférais...